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Attendre la catastrophe, ou simplement soutenir des institutions qui œuvrent pour le bien culturel et social de notre société ?

Le drame de l’incendie de Notre-Dame, par l’importance des sommes soudainement dépensées pour sa restauration, a montré à quel point les catastrophes sont capables de générer une mobilisation massive.
Cette récolte de fonds a certes suscité de la joie, mais aussi de la frustration. A la source de vifs débats, les réactions portent non seulement sur le fait que la catastrophe aurait peut-être pu être évitée grâce à une infrastructure en meilleur état, mais également sur la dimension émotionnelle incitant au don, le besoin de visibilité et surtout ce à quoi les donateurs ont accordé leur priorité dans un pays en constante souffrance sociale.

Travailler dans une organisation autofinancée : une situation inconfortable

Depuis une quinzaine d’années, je m’investis dans la recherche de financements. Ce pour de belles institutions, qui s’engagent dans un but désintéressé en contribuant au paysage culturel ou en apportant de nouveaux espoirs à des enfants gravement malades. Mes recherches concernent aussi bien le financement de projets définis dans le temps que celui de l’institution en elle-même, qui passe par la satisfaction des besoins d’une infrastructure invisible aux yeux du public, mais ô combien nécessaire.
Pour des organisations avec un autofinancement de 75 à 100%, la responsabilité et l’engagement dans la recherche de fonds sont énormes. En effet, cette dernière ne concerne pas seulement des projets définis dans le temps, greffés sur une mission de base : il s’agit en vérité de financer et d’assurer le fonctionnement d’une institution dans son entièreté, de son infrastructure et son aménagement à l’entretien régulier d’un bâtiment, en passant par toutes les charges salariales.
Une telle construction financière a un énorme impact sur le fonctionnement d’une organisation. Une bonne stratégie de communication extérieure est impérative : le travail sur la notoriété de l’institution, ainsi que le contact avec le public, les bailleurs de fonds et les donateurs et donatrices est essentiel. Mais cette construction influence également les collaborateurs et collaboratrices, leur manière de travailler, la pression qu’ils éprouvent et les responsabilités qui leur incombent. En effet, le budget étant réduit, les équipes sont restreintes. Ces dernières étant seules responsables de leurs tâches, les possibilités d’échange sont moindres. A cela s’ajoutent des salaires plus bas que la moyenne, pour les mêmes qualifications.
Les organisations auxquelles je pense emploient 5 à 15 personnes, en plus desquelles viennent s’ajouter des aides temporaires. Le travail est organisé de manière efficiente : chacun est prêt à aider l’autre et à mettre la main à la pâte s’il le faut. Ce qui a pour résultat qu’une collaboratrice chargée de la rédaction intelligente de texte met son aide à disposition lors d’événements, ou qu’une équipe entière est prête à suivre les exigences d’un planning ambitieux et à transformer une salle d’exposition en salle de diner élégante, ce dans un espace-temps de 45 minutes.

Une situation inconfortable peut devenir enrichissante

Mais pourquoi continuons-nous ? Tout d’abord, parce que l’inconfort oblige à être créatif pour trouver des solutions et s’améliorer constamment. Tous et toutes logés à la même enseigne, la solidarité entre collaborateurs et collaboratrices dans les impasses difficiles – en plus d’être extrêmement gratifiante – est indispensable. Finalement, c’est une énorme satisfaction de constater les résultats obtenus avec peu de moyens.
Mais l’ultime récompense – et soulagement – sont d’autant plus grands lorsqu’un donateur ou une donatrice, de par son soutien, accorde sa confiance et montre que notre cause est bien fondée, indispensable, et que son action a bel et bien un impact.

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